Bien-être au travail, et si on prenait les choses à l’envers ?

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Lors d’un échange avec des managers en formation, nous avons abordé le choix de terminologie entre bien-être au travail et bonheur au travail. Si l’appellation Bien-être au travail  est la plus communément utilisée dans la littérature et les pratiques professionnelles, ce terme semble être devenu un terme générique où l’on trouve tout et son contraire. La notion de bonheur est, quant à elle, le plus souvent reliée à la sphère privée, à l’intime.

Nos vies sont-elles compartimentées au point de devoir avoir une sémantique pour chacune de ces parties ? Nos histoires personnelles, nos soucis, nos joies, n’ont-ils pas d’impact sur le/la professionnel.le que nous sommes ? Devenons-nous un « autre » au moment où nous passons la porte du bureau ? Je ne le crois pas. Et heureusement !

Je l’avoue, dans mes interventions, je ne sais jamais vraiment quel mot utiliser… bien-être, bonheur, épanouissement… chacun porte et transmet une tonalité, une couleur particulière et plutôt que de n’avoir qu’un seul mot par domaine de nos vies, je serai plutôt d’avis de choisir celui qui correspond le mieux au message que nous voulons transmettre. Que les mots sont là par leur sens et non parce qu’ils correspondent à un domaine, à un champ de nos vies.

Si les mots perdent leurs sens ou si nous ne leur attribuons pas les mêmes, comment se comprendre ? C’est exactement ce qui arrive au « Bien-être au travail ».


 Le bien-être au travail : un concept et une préoccupation contemporaine des professionnels

Le Larousse définit le bien-être comme le « fait d'être bien, satisfait dans ses besoins, ou exempt de besoins, d'inquiétudes ; sentiment agréable qui en résulte.» (Larousse, 2018). Dans le cadre du travail, vouloir le bien-être de nos collaborateurs pour atteindre l’état susmentionné est bien ambitieux et digne de la quête du St Graal.

Sur le net vous pouvez trouver mille et une propositions pour favoriser le bien-être au travail : poste de Chief Happiness Officer, déco et personnalisation des bureaux, espaces cosy favorisant la rencontre et l’échange des collaborateurs autour d’un smoothie (bio, bien sûr) ou d’un babyfoot…

Toutes ces propositions peuvent avoir du sens à partir du moment où elles sont demandées par les salariés mais ce n’est que rarement le cas. Sans co-construction spécifique, ces idées, ces clés toutes faites, laissent à penser que l’on doit se sentir au bureau comme à la maison, pour travailler sereinement et donc efficacement. Et que c’est à l’entreprise de tout mettre en œuvre pour satisfaire les besoins et réduire les inquiétudes de ses collaborateurs.

Que c’est du devoir et du pouvoir des dirigeants de les rendre heureux. Sacrée responsabilité que celle-ci… qui omet deux composantes essentielles : l’autonomie et la responsabilité du salarié sur sa propre vie, sur son propre bonheur.


Bien-être au travail ou Être Bien au travail ?

Et si l’enjeu n’était pas tant de favoriser le bien-être au travail que de mettre en œuvre des actions permettant d’être bien au travail et plus spécifiquement dans son travail ? Et si ce n’était pas le fait de se sentir bien au travail qui augmenterait la performance mais plutôt le sentiment de bien travailler qui nous ferait nous sentir bien et, par effet boule de neige, nous rendrait plus performant ? La nuance est fine, mais l’effet est immédiat !

Une personne peut se sentir bien dans son entreprise, apprécier passer du temps avec ses collègues autour d’un café ou pratiquer du sport sur son lieu de travail mais en quoi cela va-t-il lui permettre de monter en compétences ? D’être satisfait et fier du travail qu’il effectue ?

Peut-être à court terme, le besoin de « faire plaisir » à son entreprise/son supérieur ou la crainte de se voir enlever des privilèges va lui donner la motivation nécessaire à la réalisation de ses tâches (voir article « Se motiver et motiver ses troupes »). Mais cela ne dure pas. Si les missions effectuées n’apportent aucune satisfaction ou plaisir personnel, l’engagement de cette personne sera incertaine, de courte durée car dépendant de conditions extérieures et donc non mesurables/appréhendables par l’entreprise.


Qu’on se le dise et changeons de paradigme : le bien-être au travail, c’est créer les conditions favorisant le bien-être de ces collaborateurs dans leur travail

Pour créer ces conditions,considérons tout d'abord qu’un.e professionnel.le est une personne, un corps et un esprit, qui a des savoir-faire et des savoir-être fruits de son histoire, de ses expériences professionnelles mais aussi personnelles.

Chaque personne est singulière, unique et ce qui rend heureux une personne n’est pas forcément transférable à tous. Aussi, plutôt que d’investir du temps, de l’énergie et de l’argent dans des moyens externes, qui finalement ne sont que de jolis emballages, occupons-nous en priorité du contenu du travail et investissons pour cela sur les femmes et les hommes qui font les organisations.

En les respectant dans leur autonomie et leurs responsabilités (ou tout simplement dans leur "adulte"), les managers se positionnent en créateurs de conditions et d’espaces de concertation pour co-construire un bien-être au travail qui concerne et implique chacun.e.

Aussi, avant de mettre en place des actions favorisant le bien-être au travail, posons-nous ces questions :


  • A quel besoin va répondre cette action ?-         
  • Est-ce que je veux agir sur les conditions de travail ou sur le travail en lui-même ? pourquoi ?
  •  Quels sont la place et le rôle de mes collaborateurs dans cette action ?


Après cela, utiliser le terme bonheur, bien-être, plaisir ne sera qu'une question de terminologie... partagée 😉